Projet de recherche B2/191/P2/ARTPRESSE (Action de recherche B2)
DESCRIPTION DU PROJET
KBR abrite des collections extrêmement riches dans le domaine de la presse populaire et de la culture imprimée en général, qui offrent une vision de la production artistique durant l’entre-deux-guerres qui n'a jamais été prise en compte dans la construction canonique de l'histoire de l'art belge. ARTPRESSE traite de la structure en réseau de l’art de cette période, telle qu’elle est vue (et remodelée de façon spectaculaire) à travers le prisme des magazines et des médias de masse, tant néerlandophones que francophones. Le projet vise à étudier et à numériser une partie représentative de ce corpus négligé, à la fois pour remettre en question cette vision canonique et afin de créer une meilleure pratique aidant KBR à réorienter sa politique de conservation du patrimoine dans ces nouvelles directions qui sont au coeur du tournant intermédial actuel de l'ère numérique. À cet égard, la collaboration entre KBR et les universités est essentielle, ce qui conduit à l'élargissement des notions de bibliothèque et d'archives tout en créant de nouvelles possibilités pour de nouveaux types de recherche et de numérisation.
Ce projet de quatre ans poursuit cinq objectifs principaux :
- Le premier objectif est de redéfinir fondamentalement les trois notions clés de « l’art », de « Belgique » et du « réseau », non seulement en abordant l’interconnexion de ces concepts, mais en produisant une nouvelle vision de chacun d’eux, basée sur cadre de l'analyse intermédiale ainsi que sur leurs relations à travers la lentille d'un nouveau corpus, à savoir les magazines de médias de masse et la manière dont ils façonnent en mots et en images une vision de l'art belge comme un ensemble multipolaire et multicouche.
- Le deuxième objectif est de rendre les éléments essentiels de ce matériel disponibles numériquement via les outils de valorisation en ligne de KBR et de garantir la poursuite de l’ouverture de ce type de collections dans les plus grandes institutions documentaires européennes.
- Le troisième objectif est d'élaborer un ensemble de lignes directrices pour la valorisation optimale de ce type d'oeuvre du patrimoine numérique, en collaboration avec la politique plus large de diffusion et de valorisation de KBR au cours de la prochaine décennie.
- Le quatrième objectif est le développement d'un cadre théorique, méthodologique et technique global basé sur la notion d'intermédialité pour l'étude culturelle et historique, la numérisation, la diffusion et la valorisation de domaines et corpus similaires, ici aussi en fonction des changements et priorités stratégiques de KBR en tant qu’institution patrimoniale moderne en ligne / hors ligne du 21e siècle.
- Le cinquième objectif est de repositionner KBR en tant qu’institution scientifique, dont le rôle n’est pas seulement de conserver et de décrire des objets et des collections de valeur culturelle, mais de prendre la tête de nouvelles formes d’analyse interdisciplinaire et intermédiale et de valorisation de matériaux que seul KBR détient en Belgique.
Les lignes directrices d’ARTPRESSE s’appuient sur :
‒ une approche inductive innovante, ouvrant sur des problématiques nouvelles et offrant un nouvel angle de vue sur un corpus de sources inédites ;
‒ couplée à quatre approches complémentaires, comprenant une description historique d’archives, une numérisation des sources, une analyse du discours et de l’iconographie des médias et une analyse intermédiale.
ARTPRESSE mobilise, en outre, deux autres méthodologies afin d’étudier le réseau artistique belge ainsi que les relations interchangeantes qui le structurent : la SCOT d’une part, dont les concepts et postulats peuvent être transférés du domaine des sciences et techniques à celui des études culturelles et intermédiales, et l’histoire de la bande dessinée d’autre part, en adaptant le modèle de Smolderen à notre recherche.
La numérisation sera menée par le service Digitalisation de KBR, suivie par une analyse d’intermédialité (KULeuven) et une étude du réseau artistique belge, basée sur l’ANT développée par Latour et Callon (ULiège).
Les résultats escomptés et la plus-value apportée par le projet sont :
Dans le champ historique :
o Une nouvelle vision de l’art en tant que réseau, articulant des éléments (artistiques et non artistiques) et des médias divers, ancré dans le contexte belge.
o Une nouvelle méthodologie applicable à l’analyse de fonds documentaires, établissant un lien concret entre les « beaux-arts » et la « documentation historique ».
Dans le domaine numérique :
o L’élaboration d’une grille de description de sources intermédiales, dont les critères dépassent l’inventorisation traditionnelle des archives imprimées et la dichotomie entre textes et images.
o La mise en oeuvre d’une stratégie d’insertion de données numériques à l’ensemble des documents.
o La numérisation et l’accès en ligne d’un corpus conséquent de fichiers qui n’ont jamais été traités de cette manière auparavant, servant ainsi de modèle pour des recherches futures (environ 80 000 pages seront publiées et accessibles en ligne via la plateforme BelgicaPeriodicals de la KBR).
o L’intégration de cette archive intermédiale numérisée dans des bases de données de plus grande ampleur, comme Europeana.
La valorisation comprend également (mais pas seulement) la participation à des conférences, la publication d’articles, l’organisation d’événements à destination de la communauté académique et scientifique, ainsi que la veille en ligne (que ce soit sur les sites des institutions partenaires, le site du projet en particulier, ou encore via les réseaux sociaux).