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Topographies des récits de pardon : cartographie contextuelle des lettres de pardon dans anciens Pays-Bas,15e-17e s. (PARDONS)

Projet de recherche B2/202/P2/PARDONS (Action de recherche B2)

Personnes :

  • M.  PUT Eddy - Archives de l'Etat (AE)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2020-15/3/2025
  • Dhr.  COOLS Hans - Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2020-15/3/2025
  • Mevr.  SOEN Violet - Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2020-15/3/2025
  • Prof. dr.  ROUSSEAUX Xavier - Université Catholique de Louvain (UCLouvain)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2020-15/3/2025

Description :

Contexte

Dans l’Europe du début de l’époque moderne, le pardon des crimes était un processus complexe et à plusieurs échelles, visant à rétablir la paix sociale dans des territoires soumis à différents niveaux de souveraineté. Les Archives de l’État en Belgique contiennent une série exceptionnelle de lettres de pardon accordées par les souverains bourguignons et habsbourgeois dans les anciens Pays-Bas. Ces lettres révèlent non seulement l’expansion de la bureaucratie des souverains ayant accordé le pardon ainsi que la hiérarchie des pouvoirs intermédiaires impliqués dans le processus, mais elles reflètent également les demandes et les expériences des individus et des communautés locales confrontés à des conflits sociaux et politiques. Ces collections fascinantes de récits de violence, de conflits et de perturbations de la vie quotidienne constituent donc une partie inestimable du patrimoine archivistique des débuts de l’ère moderne en Belgique, et elles devraient être facilement accessibles à tous.

Objectifs

Le projet PARDONS a pour but de numériser, d’étudier et de rendre accessible au public les vastes collections de lettres de pardon accordées par les souverains bourguignons et habsbourgeois et conservées aux Archives de l’État en Belgique. En étudiant le contenu de ces lettres, notre équipe de recherche entend reconstituer les discours, les stratégies et les préoccupations des coupables qui demandaient pardon tout en faisant face aux revendications de la partie victime. Il s’agira de cartographier les structures de pouvoir à l’origine du recours au pardon, de développer une topographie archivistique complexe de la procédure de pardon et de montrer comment le pardon était utilisé comme instrument de paix dans la gestion des conflits sociaux et politiques. Le projet fournira ainsi une histoire innovante du pouvoir et des relations sociales dans les anciens Pays-Bas à l’époque moderne. Enfin, en développant une ressource numérique en libre accès, et en impliquant un réseau de science citoyenne (citizen science) dans la recherche, le projet valorisera ces collections de lettres de pardon.

Méthodologies

Les séries de lettres de grâce ou de pardon conservées aux Archives de l’État en Belgique sont exceptionnelles par leur quantité, leur densité d’informations et leur continuité chronologique (environ 10000 lettres, XVe-XVIIIe s.). Elles sont réparties en trois collections principales provenant des archives de l’Audience, du Conseil privé et de la Chambre des comptes. Notre équipe de recherche numérisera, indexera et transcrira systématiquement un ensemble cohérent de pardons provenant de ces trois collections. Grâce à un partenariat avec VZW Histories et diverses associations d’histoire locale, nous développerons également un réseau de science citoyenne composé de collaborateurs bénévoles (passionnés, retraités, historiens locaux, étudiants en master) qui permettront d’accélérer le processus de transcription. En se basant sur la description détaillée des lettres de pardon, le projet étudiera la pratique d’octroyer le pardon dans les Pays-Bas bourguignons et habsbourgeois. Ensuite, les lettres de pardon seront analysées en tant que genre archivistique, constructions narratives et instruments de pacification et de gestion des conflits. L’adoption de cette triple perspective permettra une étude complète de la procédure de pardon, des stratégies développées par les sujets lors de la demande de grâce, ainsi que des intérêts politiques des monarques, des pouvoirs intermédiaires et des communautés locales concernant l’octroi du pardon. L’accent mis sur la valorisation du projet PARDONS réside dans la création d'un site web librement accessible (open access) sur lequel seront présentées les lettres numérisées, les métadonnées et les transcriptions, avec les références d’autres sources ou publications relatives aux lettres en question.

Impact et résultats attendus

Les lettres de pardon conservées aux Archives de l’État en Belgique comptent parmi les collections les plus remarquables du patrimoine archivistique des anciens Pays-Bas, mais aussi parmi les moins connues. C’est pourquoi le projet PARDONS vise à offrir une ressource numérique robuste permettant un accès illimité à ces sources primaires à un large public d’historiens et de généalogistes locaux, ainsi qu’à des chercheurs en histoire médiévale et moderne et en sciences sociales. Cette ressource comprendra également un espace dédié à la diffusion des résultats de nos travaux, en complément de la communication et de la publication des résultats de recherche via les canaux traditionnels tels que les revues et les conférences internationales. De plus, ce site web offrira un excellent hub pour une large valorisation du projet. Les métadonnées de toutes les lettres de pardon étudiées et numérisées, ainsi que leurs transcriptions, seront intégrées dans l’environnement de recherche numérique des Archives de l’État. L’implication de bénévoles dans l’identification, la transcription et l’étude des lettres de pardon constituera également une forme importante de valorisation en termes de science citoyenne, ainsi qu’un atout majeur pour la poursuite du projet après son achèvement. C’est une perspective fascinante que de non seulement examiner sous un angle scientifique ces histoires de pardon impliquant des milliers de vies perturbées, mais aussi de les faire connaître au grand public. En relatant et en valorisant ces histoires inédites, ce projet pourrait même permettre aux citoyens d’aujourd’hui de se connecter avec le passé oublié de leurs ancêtres éloignés.