Projet de recherche B2/202/P2/WOMENEXILE (Action de recherche B2)
Contexte
Les recherches historiques sur les femmes exilées politiques sont encore rares. Tant dans la recherche que l’imaginaire collectif, l'activiste en exil reste souvent un homme. Or, elles furent des milliers à trouver refuge en Belgique pour des raisons politiques. Ce projet s’inscrit résolument à la croisée entre l'histoire des femmes et l’étude des migrations. Il entend se baser sur un large éventail de sources. Les Archives générales du Royaume conservent des milliers de dossiers de ces femmes migrantes. Ces archives provenant des services publics belges chargés de l'immigration (la Police des Etrangers (ancêtre de l'actuel Office des Etrangers) ou la Représentation du UNHCR pour la Belgique
(ancêtre du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides)) constituent un matériel très riche et sous-exploité en ce qui concerne l’histoire des femmes demandeuses d’asile, en Belgique, durant la première moitié du XXe siècle. Ces dossiers sont également précieux pour saisir les interactions politiques, sociales et culturelles entre ces migrantes et la société belge.
Objectifs et questions de recherche
L'objectif principal du projet est de retracer la vie et les activités des femmes exilées, militantes politiques qui ont vécu en Belgique entre les années 1920 et 1950, et d'interpréter ces parcours de vie dans un contexte historique plus large, belge et international. Le projet vise, dans un premier temps, à constituer une base de données fiable sur les femmes exilées en Belgique pour la période 1918-1958. Extraite d’une série d’archives publiques, cette base de données servira à une reconstruction plus détaillée du vécu d'un échantillon de femmes migrantes. En choisissant de s’attarder sur l’histoire des femmes réfugiées, de nouvelles perspectives seront ouvertes tant pour l'histoire des femmes que de
l’immigration.
Méthodologie
L’objectif de ce projet est de dresser un tableau global du phénomène de l'exil politique tel que vécu par les femmes. Toutes les données disponibles seront traitées pour répondre aux différents questionnements. La force des sources utilisées réside dans le fait que, d'une part, elles permettent l'agrégation de données quantitatives - en raison de leur très grand nombre et de leur relative exhaustivité - et, d'autre part, donnent accès à des données qualitatives, permettant des analyses détaillées. Les méthodes qualitatives et quantitatives seront donc combinées pour permettre une compréhension holistique de la migration politique des femmes aux niveaux macro, méso et micro. Enfin, la richesse des dossiers individuels combinée aux archives des organisations politiques, de femmes ou de réfugiés permettra de retracer les réseaux dans lesquels ces femmes se sont inscrites. Cette analyse approfondie se basera sur un nombre limité de cas. La sélection de ceux-ci se fera sur la base de leur représentativité ou de leur caractère exceptionnel par rapport aux différents modèles et tendances qui se dégageront de l'étude des sources.
Impact de la recherche
Ce projet marque une étape importante dans la mise en valeur d’une série de sources exceptionnellement riches, tout en apportant une contribution significative et interdisciplinaire à des domaines de recherche en plein essor. La reconstitution des récits de vie des femmes en exil alimentera et enrichira les débats contemporains sur la migration, la diversité et les crises actuelles, ainsi que sur les questions de genre et la position des femmes dans l'engagement politique.
La base de données et l'analyse des récits de vie des femmes en exil peuvent avoir un impact social majeur. Premièrement, le projet
s’attardera sur l’attitude de l'État belge en matière de migrations lors du siècle dernier. À un moment où l'Europe est confrontée à d’importants
défis en matière de migration, ces réflexions revêtent une grande importance. Deuxièmement, cette recherche mettra l'accent sur les
femmes en tant qu'acteurs essentiels des mouvements migratoires et des débats politiques. La vision traditionnelle des femmes en tant que
trailing wives, moins aptes que les hommes à influer sur le monde militant, sera profondément questionnée. Enfin, ces informations
inciteront les citoyens et citoyennes à réfléchir au rôle actuel des femmes demandeuses d'asile et réfugiées en Europe et au-delà.
Perspectives de valorisation
Le projet s’articule autour de 5 axes visant à diffuser les résultats de la recherche. Les 3 premiers sont destinés prioritairement au monde
scientifique, les 2 derniers à un public plus large. Des contributions régulières seront également publiées sur les médias sociaux.
(1) Base de données en ligne
Permet d'accéder aux données concernant les réfugiées arrivées en Belgique durant la période étudiée.
(2) Colloque "Femmes en exil politique en Europe"
Conférence finale sur l'intégration des femmes exilées dans la société belge.
(3) Deux publications scientifiques
Tant les contributions du colloque que les résultats de la recherche historique seront publiés.
(4) Ouvrage à destination d’un large public
Volume illustré présentant les résultats de la recherche historique, suivi de 10 portraits biographiques d'exilées méconnues.
(5) Outil pédagogique
Outil à destination de l’enseignement secondaire.