Projet de recherche B2/233/P2/COLLINT (Action de recherche B2)
En septembre 1944, peu après la fin de l’occupation allemande, a lieu en Belgique une énorme ‘opération’ contre des – véritables ou supposés – collaborateurs avec l’ennemi, opération qui pèse jusqu’à ce jour sur la société belge. De 1944 à 1946, environs 40.000 suspects ont été internés dans des prisons et des centres d’internement, sur la base d’un arrêté-loi de 1918. Beaucoup d’entre eux ont été privés de leur liberté par des membres de la résistance. Pendant des décennies, ces internements ont été au centre d’un débat sociétal intense et des mythes ont été créés. Dans leur suite, la légitimité de la liquidation de la répression par l’Etat belge et par la justice militaire a été et est encore remise en question. Un nombre de publications d’anciens internés ont créé l’image de citoyens innocents privés de leur liberté sur la base d’accusations non fondées, image relayée par une grande partie de l’opinion publique en Flandre.
Le projet de recherche COLLINT se veut de contribuer à une meilleure compréhension des internements et du rôle joué par la justice militaire dans cette opération. En outre il procèdera à l’analyse des mythes entourant les internements, en vue de les confirmer ou de les infirmer. Par l’analyse fouillée de nouvelles sources, la contextualisation de cas et l’étude approfondie des processus décisionnels au sein de la justice militaire, ce projet d’étude d’une durée de deux ans se veut de clarifier les décisions prises en matière d’internements : qui fut interné, par qui, pour quels motifs, quels internés furent ensuite l’objet d’une instruction judiciaire et d’un procès en justice, comment fonctionnait la justice militaire, comment évoluèrent les dispositions légales et comment les auditorats militaires et le ministre de la Justice se positionnaient-ils face aux internements ?
Au niveau des résultats, le projet COLLINT veut créer un outil de recherche permettant au WHI (le Mémorial de Breendonk) de répondre aux questions des familles, des chercheurs et autres concernant les suspects jadis internés. Le projet se focalise dans un premier temps sur le camp d’internement de Breendonk, mais étudiera aussi d’autres centres. Afin de diffuser les résultats de la recherche parmi le grand public, le projet prévoit la publication d’un livre ‘grand public’ et l’organisation d’un séminaire et d’une conférence.
