Projet de recherche B2/233/P2/REIGN (Action de recherche B2)
Conservée aux Archives de l'État à Gand, la collection de chartes « Comtes de Flandre » (1086-1559) est fort captivante. Dès l’avènement du comté de Flandre, les comtes et comtesses ont produit et reçu des documents qui ont été soigneusement conservés et qui font partie du soi-disant « Trésor de Flandre », qui n'a cessé de s'enrichir tout au long du Moyen Âge. Cependant, le chartrier contenait aussi des types de documents beaucoup plus nombreux et variés que les seules chartes avec des ordonnances, des contrats et des traités internationaux. On y trouve par exemple des factures d'hôtel, des rôles d'imposition, des inventaires de biens et même des documents sur la vie privée des comtes et comtesses et de leurs courtisans. Pour les chercheurs d'aujourd'hui, cette collection constitue une source d'information exceptionnellement riche, non seulement pour l'histoire politique, économique, sociale et culturelle de la Flandre, mais aussi pour les régions avec lesquelles les comtes et comtesses flamands étaient en contact pour des raisons politiques, économiques ou dynastiques.
Grâce au soutien du Fonds Baillet-Latour, la restauration des chartes des comtes de Flandre a été finalisée ces dernières années (2019-2021). Les chartes ont été nettoyées, aplanies, restaurées si nécessaire et conditionnées sur mesure. Plus de 4.000 documents ont été traités et numérisés aux Archives générales du Royaume à Bruxelles. Entre-temps, tous les documents sont retournés aux Archives de l'État à Gand et le moment est donc venu d'ouvrir la collection davantage à la recherche. Financé par BELSPO, le projet REIGN vise à rendre plus accessible et à faire connaître ce « trésor » particulier qui représente la mémoire politico-administrative de l'ancien comté de Flandre.
La collection de chartes a connu une histoire complexe de déménagements, qui se reflète dans la structure des différents fonds conservés aujourd'hui aux Archives d'État à Gand. Le classement actuel en quatre sections artificielles est le résultat des pérégrinations qui ont eu lieu à partir du XVIe siècle via Rupelmonde, Lille, Paris, Vienne, Bruxelles et Gand, entre autres. Les historiens et archivistes qui ont étudié ces chartes au cours des XIXe et XXe siècles ont donné leurs noms aux différentes sous-collections. Ce qui est aujourd'hui dispersé dans le « Fonds de Saint-Genois », le « Fonds Gaillard », le « Fonds autrichien » et le « Supplément chronologique Wyffels » formait au Moyen-Âge un ensemble qui s'est développé de manière organique et qui avait été classé par thèmes selon les idées de l’époque. Les quatre blocs n'ont encore jamais été examinés dans leur ensemble d'un point de vue archivistique et historique : le projet REIGN vise à changer cette situation.
REIGN poursuit également la construction d'un point d'accès numérique afin d'ouvrir cette collection à la recherche conformément aux normes du XXIe siècle, en tenant compte de l’historique des archives et des différents producteurs d'archives. De nouvelles descriptions sont réalisées pour permettre aux utilisateurs d'effectuer des recherches plus rapides et plus pratiques dans la collection en consultant des images numériques. En outre, le projet contribue à une meilleure connaissance et compréhension du fonctionnement de l’administration du comté. Il sert en même de temps de test pour une implémentation de la nouvelle norme archivistique internationale Records in Contexts (RiC-CM) qui, lors de la description d’archives, accorde un rôle important à l’identification de relations.
