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Les bancs Hinder: aujourd’hui encore une région importante pour la biodiversité marine belge?

Projet de recherche EV/45 (Action de recherche EV)

Personnes :

  • M.  HOUZIAUX Jean-Sébastien - Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2003-30/4/2006

Description :

Contexte.

La mer du Nord, et en particulier sa baie sud, est soumise à une forte pression anthropogénique. La surpêche, la pollution et l’eutrophisation sont responsables d’une dégradation générale de l’écosystème démontrée par plusieurs études portant sur le long terme. Leurs impacts sont combinés et difficiles à dissocier de celui des récents changements climatiques. Les niveaux actuels d’exploitation des ressources ne permettent pas d’assurer leur pérennité. La situation actuelle est donc caractérisée par un déséquilibre qu’il est difficile de décrire en raison d’un manque de données sur l’état initial de l’écosystème. Une politique de gestion durable des ressources naturelles doit donc faire appel, entre autres, à des situations « de référence » pas ou peu altérées par les activités humaines ainsi qu’à des mesures adéquates permettant d’évaluer la distance qui nous en sépare.


Objectifs.

Notre projet cible l’étude de l’épifaune des fonds « graveleux » situés autour du banc Westhinder par l’analyse du matériel récolté entre 1900 et 1910 par G. Gilson et par de nouveaux échantillonnages ciblés. En fonction d’éléments trouvés dans la littérature ancienne, nous émettons l’hypothèse que certaines stations de Gilson étaient situées sur des zones encore évitées par les pêcheurs au début du vingtième siècle. Ces zones pouvaient dès lors constituer des refuges naturels pour la biodiversité benthique, tandis que la pollution et l’eutrophisation étaient encore fortement restreintes. Ces éléments donnent également à penser que le développement spectaculaire du matériel de pêche à partir des années vingt, et en particulier la motorisation des navires, a par la suite permis d’en exploiter certaines.

Dans la littérature récente, aucune étude ne permet de déterminer si des changements ont eu lieu sur ces fonds depuis les années 1900. La connaissance de l’épifaune de notre espace maritime reste très lacunaire. La nature et la distribution des fonds « graveleux » des bancs du large commencent seulement à être étudiées, et leur faune épibenthique demeure méconnue. Par ailleurs, on sait que ce type de fond, par sa richesse, attire les poissons carnassiers. On peut donc raisonnablement penser qu’ils ont – ou ont eu - une certaine importance pour l’ichtyofaune locale, entre autres en tant que zones de nourrissage.

Le projet cible trois objectifs :

1. L’établissement d’une situation de référence pour les habitats graveleux de la baie sud de la mer du Nord (côte Est) : analyse de la collection historique.
2. La description de la situation actuelle aux stations de référence.
3. L’analyse des changements survenus entre la situation historique et la situation actuelle.

D’une part, ce projet permettra d’apporter des éléments concrets pour étayer les anciens textes qui décrivaient la zone des bancs Hinder comme une région riche et écologiquement importante. On sait, par exemple, qu’elle abritait de vastes bancs d’huîtres plates (Ostrea edulis) et servait d’aire de ponte au hareng (Clupea harengus) de mer du Nord. D’autre part, il permettra de déterminer dans quelle mesure la biodiversité et les habitats ont été altérés aux stations de référence depuis un siècle.


Méthodologie.

Les données historiques contenues dans les specimens et les archives de la collection de G. Gilson seront informatisées. Elles feront l’objet d’une validation qui portera sur l’échantillonnage (date, position, instrument), sur la taxonomie, ainsi que sur l’information sédimentologique. La liste des espèces issues des dragages standardisés de Gilson sera ainsi reconstituée pour chaque station et reliée à la nature du fond.
A partir de ces données, nous identifierons les stations qui peuvent être considérées comme représentatives d’une situation de référence par rapport à la destruction potentielle due aux engins de pêche. Nous évaluerons la possibilité de déduire la distribution potentielle de certains habitats, espèces ou associations d’espèces à partir de ces résultats et de l’information trouvée dans la littérature.
Les données quantitatives relatives aux captures de poissons effectuées entre 1903 et 1914 (abondances des classes de tailles de chaque espèce) seront analysées. En particulier, la distribution locale des espèces ainsi que leurs associations seront analysées en les mettant en relation avec le régime alimentaire connu et la distribution observée des proies épibenthiques potentielles.
Deux campagnes d’échantillonnage seront effectuées aux stations de référence en utilisant une technique d’imagerie video et un petit chalut adapté aux fonds durs hétérogènes.
Les situations mesurées en 1905-1907 et 2005 seront comparées sur base d’indices de diversité (présence / absence), de la dominance relative de certaines espèces et de l’occurrence d’espèces particulières (faune sessile érigée, espèces raréfiées ou espèces invasives récentes).
La nature et l’ampleur des changements observés serviront de base à l’élaboration d’hypothèses relatives à leurs causes, en se référant à des données établies sur la sensibilité des habitats et des espèces à différents impacts.

Les résultat de ces travaux seront publiés et les données validées seront accessibles via la base de données du centre de données marines belge (BMDC). Une carte des stations de Gilson préalablement digitalisées en 2003 peut être consultée à l’adresse : http://www.mumm.ac.be/datacentre/Documentation/stations_gilson.php.
Ce projet permettra de mieux cerner certaines questions relatives à la gestion durable des ressources minérales et/ou biologiques et d’ouvrir de nouvelles perspectives en matière de recherche et de suivi environnemental dans cette zone.


Collaborations

Des collaborations sont développées avec au moins deux projets en cours. Le projet « MAREBASSE », dédié aux aspects sédimentologiques de l’extraction des sables et graviers, comporte des sites d’échantillonnage dans la région du Westhinder. Le projet "Epaves de bâteaux belges: hotspots de biodiversité marine" se concentre sur des substrats artificiels qui pourraient abriter des associations d’espèces particulières et constituer des zones de refuge. Par ailleurs, une collaboration est également développée avec le Musée de l’Université de Liège qui abrite la collection de E. Van Beneden, constituée quelque 20 années avant celle de Gilson.


Coordonnées

Coordinateur

Jean-Sebastien Houziaux
Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB-KBIN-RBINS)
Département Invertébrés
29, rue Vautier
B-1000 Bruxelles
Tel: +32 (0)2 627 43 42
Fax: +32 (0)2 627 41 41
jean-sebastien@naturalsciences.be
http://www.naturalsciences.be


Comité d’utilisateurs

C. Frid, Dove Marine Laboratory, University of Newcastle, UK.
V. Van Lancker, Renard Centre for Marine Geology, Universiteit van Ghent.
C. Michel, Aquarium-Museum de l’Université de Liège
A. Franklin, National Focal Point for the UN Convention on Biological Diversity.
J. Mees, Vlaams Instituut voor de Zee.

Documentation :

The Hinder banks: yet an important region for the Belgian marine biodiversity? : final report  Houziaux, J.-S. - Kerckhof, F. - Degrendele, K. .. et al  Brussels : Belgian Science Policy, 20008 (SP1902)
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Références bibliographiques :

Biodiversity of the Belgian marine areas  KERCKHOF, F. & J.-S. HOUZIAUX Biodiversity in Belgium, Edited by : Marc Peeters, Anne Franklin & Jackie L. Van Goethem, Royal Belgian Institute of Natural Sciences, 2003