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Prise en compte de l’écologie du paysage dans la conservation et la gestion de la biodiversité - LANDECOL

Projet de recherche OA/13 (Action de recherche OA)

Personnes :

  • Prof. dr.  BAGUETTE Michel - Université Catholique de Louvain (UCLouvain)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2003-31/12/2006
  • Prof. dr.  MAHY Grégory - Gembloux Agro-Bio Tech (GxABT)
    Partenaire non financé belge
    Durée: 15/12/2003-31/12/2006
  • Dhr.  HONNAY Olivier - Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven)
    Partenaire non financé belge
    Durée: 15/12/2003-31/12/2006
  • M.  TYTECA Daniel - Université Catholique de Louvain (UCLouvain)
    Partenaire non financé belge
    Durée: 15/12/2003-31/12/2006
  • Prof. dr.  LE BOULENGE Eric - Université Catholique de Louvain (UCLouvain)
    Partenaire non financé belge
    Durée: 15/12/2003-31/12/2006

Description :

Introduction

La destruction des habitats naturels et la fragmentation qui en résulte, dues aux changements de l’utilisation du sol générés par les activités humaines, sont unanimement reconnues comme les causes principales de l’érosion de la biodiversité à la surface du globe. Les analyses des cas d’extinction récents révèlent des scénarios récurrents de contraction et d’effondrement des aires de distribution. Ces scénarios indiquent que la disparition des populations est un prélude à l’extinction des espèces, et délimitent dès lors à la fois l’échelle spatiale et le niveau d’organisation biologique concernés par les mesures pratiques de conservation: (1) les stratégies de conservation doivent concerner les individus et les populations et (2) le paysage est l’échelle spatiale appropriée qui correspond à ces niveaux d’organisation biologique. Le paysage est défini ici comme une partition de l’espace géographique qui présente une homogénéité géomorphologique et mésoclimatique.
A cette échelle, deux types de stratégies ayant pour but la conservation de la biodiversité peuvent être appliquées:

- la réhabilitation de la qualité moyenne (globale) du paysage, via des mesures agri-environnementales (MAE)
- la mise en place de réseaux d’habitats favorables en vue de créer, restaurer, voire améliorer un haut niveau de connectivité fonctionnelle dans le paysage.

C’est dans ce cadre que s’inscrit le présent projet « LANDECOL: Prise en compte de l’Ecologie du Paysage dans la Conservation et la gestion de la Biodiversité ».
Ce projet visera, de manière théorique, à évaluer les apports pour la biodiversité auxquels pourraient contribuer les deux précédentes stratégies. L’objectif sera donc de modéliser des paysages ‘améliorés optimaux’ dans le but de répondre aux exigences d’une sélection d’espèces, et de les valider. Ce projet, à forte dimension théorique, constituera en fait un projet pilote, permettant d’orienter au mieux les recherches futures dans le domaine de la gestion et de la conservation.

Description du projet

Objectifs

Cette recherche a pour but entre autre de valoriser le jeu de données existant concernant le suivi de la biodiversité en Belgique. A cet effet, des partenariats ont été instaurés avec d’une part l’Observatoire de la Faune, de la Flore et des Habitats côté wallon (CRNFB, Ministère de la Région Wallone) et d’autre part l’INBO (Instituut voor Natuur en Bosonderzoek, ex-Instituut voor Natuurbehoud) côté flamand.

Le but principal de cette étude pilote vise à mettre en place une méthodologie pouvant permettre une aide à la décision à destination des gestionnaires, leur permettant de:

- faire un bilan de la connectivité fonctionnelle d’un paysage du point de vue des espèces considérées,
- cibler les zones prioritaires où une intervention est nécessaire pour rendre un paysage fonctionnel pour ces mêmes espèces,
- d’avoir une meilleure idée de la capacité d’accueil des paysages actuels, notamment en grandes zones céréalière

Méthodologie

La première étape du travail consiste à sélectionner 4 paysages de 100 km² chacun sur l’ensemble de la Belgique. Ces paysages ont été choisis en fonction du degré de connectivité des zones boisées:

- 2 en zone fortement connectée (Famenne et Campine)
- 2 en zone fortement fragmentée (Hesbaye et Brabant Flamand)

Ensuite, la deuxième étape consiste à sélectionner un ensemble d’espèces, présentes sur lesdits terrains, appartenant à différents taxons et répondant tous (dans la mesure du possible) à des espèces présentes sur les listes rouges régionales. Ces différents taxons sont les oiseaux, les papillons, et les batraciens-reptiles. Pour ce faire, des données empiriques de suivi de la biodiversité, collectées par les agences régionales de conservation de la nature en Wallonie et en Flandre (OFFH et INBO), sont à notre disposition

L’approche considérée dans ce travail est une approche dite « species-specific », c’est-à-dire, que le paysage est perçu du point de vue même des espèces. Ainsi, et afin de créer des cartes d’habitats favorables pour chacune de ces espèces (une trentaine), différents types d’exigences écologiques sont collectées (habitat, dispersion, domaine vital, densité, …). Les cartes d’habitat ainsi créées seront écologiques car calibrées à l’espèce : chaque patch d’habitat favorable se verra ainsi assigner une valeur précise de capacité d’accueil.

Ces cartes seront ensuite utilisées dans un logiciel de modélisation cartographique (LARCH), dont le but sera de faire un état de la connectivité (fonctionnelle) actuelle de chacun des paysages, toujours du point de vue des espèces. Cette étape sera réalisée en partenariat avec l’université de Wageningen (Alterra) aux Pays-Bas (René Jochem, Rogier Pouwels et Jana Verboom).

Les résultats de cette étape nous permettront de déterminer le statut de chacun des patches du paysage (isolated, key, MVP, …) et a fortiori des (méta)populations associées (viables, non viables) ; nous pourrons ainsi en déduire une image du possible réseau écologique fonctionnel présenté par ce paysage, pour chacune des espèces. Dans ce cas, les possibilités d’amélioration du réseau écologique seront alors considérées.

Si, le cas échéant, aucun réseau fonctionnel ne pouvait être identifié, une étape de restauration préalable du paysage, à l’aide notamment de MAE, s’avérera nécessaire. L’étape de modélisation précédente permettra alors de cibler les zones d’interventions prioritaires (patches isolés avec populations non viables), sur lesquels les efforts devront porter. Notre but, à ce moment-là, sera alors d’envisager différents types de MAE pouvant répondre de manière satisfaisante aux exigences de ces espèces afin de modéliser un ‘nouveau paysage amélioré’ (cette partie sera réalisée conjointement avec le GIREA-UCL).
On s’attend alors à trouver un réseau écologique satisfaisant sur les deux terrains où se rencontre une plus faible pression anthropique (Famenne et Campine). En effet, la quantité d’habitats « naturels » semble être suffisante pour assurer la pérennité des espèces présentes.
Par contre, sur les deux autres sites, où l’utilisation du sol est très fortement perturbée par les activités humaines (agriculture intensive), on s’attend à une phase de restauration préalable du territoire qui apparaît obligatoire pour espérer y assurer le maintien de la biodiversité présente.

Ensuite, une étape de validation de ces modèles paysagers « améliorés » est prévue, mais reste à définir ; ceci afin de valider les améliorations que les réseaux écologiques et les mesures agri-environnementales pourraient apporter à la biodiversité.