Projet de recherche S1/06/01 (Action de recherche S1)
Depuis les actions de protestation de Seattle, il semble que plus aucun sommet international ne soit épargné par une forme quelconque de protestation. Ces actions de protestation dénoncent non seulement les conséquences négatives de la mondialisation actuelle, mais remettent véritablement en question le pouvoir d'organisations internationales, principalement économiques, comme l'OMC, la Banque mondiale, le FMI ou l'UE. Néanmoins, ces protestations ne sont pas uniquement une expression des idées du mouvement antimondialisation, mais plutôt un symptôme d'une crise de légitimité bien plus vaste. Une crise principalement causée par le fossé qui sépare les citoyens et le niveau décisionnel, lequel se creuse à mesure que le pouvoir migre du niveau local ou national vers la sphère internationale. C'est précisément cette question de légitimité qui est au centre de notre recherche. Cette évolution vers la "multilevel governance" a élargi les compétences politiques de diverses organisations internationales. Dans le cadre de cette étude, nous nous limiterons toutefois à deux organisations importantes qui sont au cœur du débat sur la légitimité : l'OMC et l'UE. Ces deux organisations sont fondamentalement différentes, mais peuvent être positionnées sur un continuum allant de l'intergouvernemental au supranational, de sorte à englober ces deux options de gouvernance.
La question de légitimité est toutefois un problème complexe qui peut être étudié sous divers angles ; nous n'avons dès lors pas limité notre recherche à l'étude des revendications et actions du mouvement antimondialisation. Nous avons choisi de développer trois aspects différents de cette problématique : premièrement, le rôle des médias dans la problématique de la légitimité ; ensuite, l'aspect "opinion publique" de la légitimité et, enfin, la structure et les griefs du mouvement antimondialisation.
1. Etant donné l'importance du fossé entre les organisations internationales et la population, nous pouvons supposer que les médias jouent un rôle très important dans la création de connaissances et de positions concernant ces organisations. C'est pourquoi une vaste analyse est entreprise dans les médias les plus divers, en mettant l'accent sur des sommets spécifiques (Laeken-UE et Qatar-OMC), sans toutefois négliger l'aspect longitudinal. A quelle fréquence et à quel moment sommes-nous informés par les médias sur l'UE et l'OMC, et de quelle manière ?
2. La légitimité politique n'est pas seulement une question de structures, démocratiques ou non, elle a également - et peut-être principalement - trait à la perception de ces institutions politiques. L'attitude de la population à l'égard de l'UE et de l'OMC est dès lors un aspect important. En nous basant sur les enquêtes disponibles, nous allons analyser l'attitude de la population belge à l'égard de l'UE et de l'OMC et la mettre en relation avec les autres aspects de légitimité à l'étude (par ex. l'information médiatique).
3. Dans l'ensemble du débat, le mouvement antimondialisation joue un rôle prépondérant. Il est donc intéressant d'étudier les ramifications belges de ce mouvement. Qui sont ces gens ? Que veulent-ils ? Comment se mobilisent-ils ? Tout un éventail de méthodes de recherche - allant d'une analyse de sites Internet à une enquête parmi des manifestants en passant par des entretiens avec des responsables - devraient nous aider à nous forger une idée de ce mouvement.