Projet de recherche TA/00/26 (Action de recherche TA)
Le projet GROSE ( croissance et exclusion sociale) étudie les relations complexes entre la croissance économique et les inégalités sociales dans les aires urbaines, les réponses politiques existantes à cette problèmatique et les alternatives possibles.
Même si les aires métropolitaines ont récemment retrouvé des taux de croissance économique supérieurs à la moyenne nationale, après des décennies de stagnation ou de dépression relatives, cette croissance n’a généralement pas produit les effets sociaux positifs attendus, en particulier dans les aires urbaines pauvres/en difficulté.
Pour expliquer ce processus dual, certains avancent l’hypothèse qu’il s’agit d’une tendance structurelle, dont la cause est le nouveau type de croissance métropolitaine, basée sur l’économie de la connaissance. Ce type d’économie a une demande croissante dans les secteurs de haute qualification et technique, qui ne sont pas adaptés aux caractéristiques de pans importants des marchés de l’emploi locaux. Dans le même temps, pour la partie du processus de production nécessitant de moindres qualifications, la compétition croissante et l’organisation flexible du travail produisent des conditions de travail de plus en plus précaires. En conséquence, dans les aires urbaines où les travailleurs les moins qualifiés sont nombreux, la situation socio-économique d’une partie importante de la population décline, alors que les indicateurs économiques sont globalement positifs, ceci menant à une polarisation sociale croissante.
A travers des contraintes immobilières, cette polarisation peut renforcer les inégalités socio spatiales dans la ville, par exemple en augmentant les prix des biens dans les quartiers les plus riches, ou dans certains districts gentrifiés. En retour, les écarts grandissants entre quartiers dans la ville pourraient augmenter la difficulté d’insertion des habitants des aires les plus pauvres dans le marché de l’emploi formel.
Le proccessus est encore renforcé quand les autorités politiques urbaines investissent dans l’attractivité de la ville pour les compagnies de services hautement qualifiés (city-marketing, projet phare, etc …) au détriment de politiques sociales.
Des réponses alternatives à un développement par le haut devraient être considérées comme crédibles, par exemple le développement de nouvelles niches d’emploi (services de proximité, commerce de détail, industries culturelles, …).
Notre objectif principal est dès lors d’examiner ces processus à l’échelle de 5 grandes villes belges (Bruxelles, Anvers, Liège, Gand et Charleroi) dans une perspective comparative. Nous pouvons répartir notre étude en différentes étapes de recherches :
1 - démontrer la pertinence du proccesus de métropolisation d’un point de vue empirique ;
2 - examiner les nouvelles formes de croissance et leur impact sur la polarisation sociale dans la ville, en se concentrant sur les types d’emploi créés dans l’économie de la connaissance ;
3 - montrer les relations spécifiques et globales entre les nouvelles formes de croissance économique et la polarisation socio spatiale dans les villes. D’une part, nous testerons si la polarisation sociale croissante, reliée à la nouvelle croissance métropolitaine, produit une polarisation spatiale croissante. D’autre part, nous testerons si les inégalités entre quartiers renforcent les difficultés sociales de la population des quartiers les plus pauvres, à travers des mécanismes de discrimination ;
4 - évaluer les politiques économiques existantes, afin d’estimer les types d’emploi soutenus par les autorités publiques ;
5 - réfléchir à des politiques alternatives de développement urbain , en particulier ce que l’on pourrait appeler le ‘développement par le bas’, avec la cohésion sociale comme objectif principal.
Notre recherche combine une approche quantitative, basée sur l’étude de l’inadéquation entre l’évolution de l’emploi et le profil des demandeurs d’emploi et sur les changements socio-spatiaux, avec une approche qualitative incluant l’analyse des politiques urbaines et l’exploration d’alternatives par l’ étude de domaines où se trouvent des niches d’emploi.
La valeur ajoutée de cette recherche pourrait être significative, à la fois d’un point de vue scientifique, en fournissant de nouveaux éléments dans une thématique qui est seulement partiellement traitée par la littérature scientifique, et d’un point de vue politique, en fournissant des résultats empiriques à l’échelle belge, une analyse critique des politiques d’emploi actuelles et des propositions pour des politiques alternatives.
Economische groei en sociale cohesie in de stad: synthese
Brussel : Federaal Wetenschapsbeleid, 2011 (SP2246)
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Economic growth and social cohesion in cities: summary
Brussels : Belgian Science Policy, 2011 (SP2247)
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Croissance économique et cohésion sociale dans la ville : synthèse
Bruxelles : Politique scientifique fédérale, 2011 (SP2248)
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