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L’usage de drogues chez les travailleuses du sexe en Belgique (DRUSEB)

Projet de recherche DR/38 (Action de recherche DR)

Personnes :

Description :

Selon la littérature internationale, prostitution et usage de drogues sont souvent associés, et ce avec des risques considérables d’un point de vue sanitaire. De nombreuses études traitent d’ailleurs ces deux phénomènes de manière conjointe, notamment en étudiant la prévalence de l’usage de drogues chez les travailleurs du sexe. Toutefois, la Belgique manque de données concernant la prévalence nationale en termes d’usage de stupéfiants au sein de la population générale, et plus particulièrement parmi les travailleurs du sexe.

Les travailleurs du sexe s’exposent à des risques de santé spécifiques, comme les maladies et infections sexuellement transmissibles (MST-IST), celles transmises par le sang, et les risques issus d’actes de violence. L’usage de drogues par les travailleurs du sexe est associé davantage encore avec des comportements à risques pour la santé. Ainsi, le partage des seringues (usage de drogues par voie intraveineuse) augmente le risque de contamination par le sang. Quant à l’usage d’alcool et de stimulants, il est associé avec un risque élevé de MST, dès lors que les inhibitions s’atténuent, et que les mesures de précaution telles que l’usage de préservatifs sont négligées.

La littérature se penche largement sur la prostitution de rue. Ces travailleurs du sexe seraient les plus exposés aux risques liés à leur profession. Ces prostitués seraient aussi plus souvent dépendants aux drogues.

Plusieurs éléments, comme la prostitution, influencent, non seulement la santé physique, mais également la santé mentale. Une plus grande corrélation avec des symptômes psychiques et psychiatriques a déjà été notée. Le stress psychologique, propre à la profession, peut mener à un usage de drogues plus important, usage par lequel les travailleurs du sexe s’installent dans un cercle vicieux.
Usage de drogues et prostitution sont tous deux connotés négativement, et reliés à des actes criminels, ce qui provoque une double stigmatisation. Les prostitués usagers de drogues vivent isolés des autres, et plus particulièrement des non-usagers. Par voie de conséquence, leur vie sociale est appauvrie, et ils sont victimes d’une double stigmatisation.

Enfin, l’utilisation des soins de santé par les travailleurs du sexe est inconsistant et limité. La littérature dénote diverses barrières à l’accès aux soins, comme la structure des services existants, l’anxiété à l’égard de l’appareil de contrôle, et la stigmatisation. Ce groupe-cible a besoin d’une offre de soins spécifique, répondant aux divers problèmes avec lesquels les travailleurs du sexe usagers de drogues, sont confrontées.

Objectifs de la recherche :

1. Étudier les caractéristiques et l’ampleur de l’usage de drogues légales et illégales chez les travailleuses du sexe en Belgique. Pour cela, nous explorerons la prostitution de rue, en vitrine, dans les bars et en maisons closes, et - de manière exploratoire – dans le secteur de l’escorte. Nous étudierons ces différents secteurs dans cinq villes et dans leurs environnements (Anvers, Bruxelles, Charleroi, Gand et Liège).

2. (a) Lister les problèmes de santé (physique, sociale et psychique) liés à l’usage de drogues et (b) examiner ces problèmes de santé en profondeur, et analyser lesquels sont prioritaires selon le point de vue des travailleuses du sexe.

3. Identifier (a) leurs besoins spécifiques pour assurer une offre de soins préventive et curative spécifique , (b) leur connaissance concernant l’offre de soins liés à l’usage de drogues, et (c) les facteurs motivant et démotivant leur usage des soins.

4. Confronter les résultats des objectifs ci-dessus, aux initiatives et aux pratiques existantes.

Méthodologie :

Une étude de la littérature nous permettra d’obtenir une image détaillée de l'usage de drogues, les problèmes et les besoins de santé liés à l’usage de drogues, et les expériences vécues par les travailleuses du sexe lors de leurs rencontres avec l’offre de soins liés à l’usage de drogues.

Nous développerons par la suite deux outils (un outil quantitatif, et un outil qualitatif) basés sur (a) des outils existants et (b) sur un focus group. A cette occasion, nous inviterons des chercheurs, des professionnels issus d’organisations de soins pour le public des travailleurs du sexe, et d’autres issus de l'offre de soins à bas seuil.

Plusieurs objectifs nécessitent un apport quantitatif : ainsi, une mesure quantitative est nécessaire si nous voulons parvenir à une estimation de l'usage de drogues, des problèmes et des besoins de santé liés à cet usage, ainsi que des expériences lors de rencontres avec l'offre de soins. Un questionnaire structuré sera donc soumis à au moins 500 répondants, dans les cinq villes et environnements (100 par ville et environnement, et chaque fois 25 par sous-population au sein de la population générale des travailleuses du sexe, à l’exception du secteur de l'escorte).

Lors de la partie qualitative, une check-list, construite autour de questions ouvertes et disposées en désordre, servira de base à des interviews en face à face. Le seuil minimum de 25 interviews de travailleuses du sexe nous permettra d’explorer plus avant les processus et les significations liées à ces questions. Dans chaque ville, ces interviews devront rendre compte des schémas de prostitution les plus importants, ainsi que des différents types de prostitution s’ils s’y avèrent présents.

Après l’analyse, nous organiserons un focus group dans chaque ville, et ce afin de présenter au terrain les résultats obtenus. Les focus groups seront en outre l’occasion de réfléchir à des méthodes et des stratégies permettant de compenser les carences en soins de santé liés à l’usage de drogues.

Documentation :