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Persons with a BENZOdiazepine/Z-drugs use disorder in mental health CARE (BENZOCARE)

Projet de recherche DR/91 (Action de recherche DR)

Personnes :

  • Dhr.  BRACKE Piet - Universiteit Gent (UGent)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2021-15/3/2024
  • M.  BELCHE Jean-Luc - Université de Liège (ULiège)
    Partenaire financé belge
    Durée: 15/12/2021-15/3/2024

Description :

La consommation des benzodiazépines et des « Z-drugs » (une classe de médicaments psychoactifs qui englobe les sédatifs, les anxiolytiques et les hypnotiques, ci-après dénommée BZD/Z) est élevée en Belgique. En 2018, 12% des belges prennent des BZD/Z. Dès que le traitement dépasse la durée recommandée de 2 à 4 semaines, le rapport risque/bénéfice est très discutable. En Belgique, 1 utilisateur sur 3 qui commence les BZD/Z prend encore ces médicaments 8 ans après. Une consommation régulière à long terme n'est pas recommandée en raison des effets indésirables tels que la tolérance, la dépendance physiologique et psychologique, les symptômes de sevrage, même lorsqu'ils sont utilisés à des doses faibles et constantes. Finalement, les effets d’une consommation régulière de BZD/Z peuvent être difficiles à différencier des symptômes initiaux. Dans l'ensemble, les BZD/Z présentent un potentiel élevé d'abus. Alors que de nombreux consommateurs développent une dépendance à faible dose, d'autres développent une dépendance à forte dose. Cette dernière est souvent un problème complexe, associée à une comorbidité avec des troubles mentaux graves ou à un double diagnostic et parfois à une polytoxicomanie. Elle s'accompagne souvent de multiples besoins de soins non résolus en santé mentale.

Jusqu’à présent en Belgique, la plupart des recherches se sont concentrées sur la dépendance à de faibles doses et sur l'arrêt progressif du traitement, réalisé dans le cadre des soins primaires ou avec l'aide des pharmaciens d’officine. Cependant, les données internationales montrent que de nombreux consommateurs dépendants de fortes doses ne sont pas en mesure de parvenir à une abstinence à long terme par le biais de ces stratégies d'arrêt. Pour ceux-ci, des soins intégrés complets semblent plus efficaces.

En général, l'utilisation des structures de soins par les personnes souffrant d'un problème de santé mentale en Belgique est inférieure à la moyenne et une proportion importante de ceux qui cherchent de l'aide ne reçoivent pas de traitement efficace. Ceci met en évidence un manque dans la prise en charge dans le secteur de santé mentale. On ne sait toujours pas combien de personnes souffrant d'un trouble de la consommation ou d'une comorbidité liée aux BZD/Z et nécessitant un traitement, sont bien orientées dans les services de toxicomanie et de santé mentale, ni combien d'entre elles reçoivent un traitement efficace.

Il est important de combler cette lacune et de mettre en lumière a) la récente désinstitutionnalisation du secteur des soins de santé mentale, avec son passage d'une prise en charge en milieu hospitalier à un soutien communautaire et de proximité qui vise à garantir la continuité des soins et b) de l'intégration des soins de toxicomanie dans les soins de santé mentale depuis 2019.

En outre, la manière dont la dépendance aux BZD/Z est perçue par les professionnels de la santé mentale et des soins aux toxicomanes reste peu étudiée, tandis que l'on sait également peu de choses sur les expériences vécues par les personnes souffrants d'un trouble de la consommation lié aux BZD/Z accompagné d'une ou de plusieurs maladies mentales concomitantes et qui sont traitées par des médicaments psychotropes ou dans des services de soins psychiatriques (contrairement aux autres substances illicites).

Objectifs
- Etudier l'accessibilité des soins de santé mentale pour les personnes atteintes d’un trouble de la consommation lié aux BZD/Z
- Analyser les expériences et les perceptions des professionnels sur le trouble de la consommation de BZD/Z (besoins, lacunes, obstacles, facilitateurs)
- Etudier les expériences et les perceptions des usagers (rétablis) de ces services (besoins, lacunes, obstacles, facilitateurs), un traitement adapté doit tenir compte des expériences subjectives.
- Explorer et comprendre le rôle ambigu des BZD/Z dans le secteur des soins de santé mentale
- Elaborer des recommandations politiques solides, adaptées et réalisables.

Questions de recherche
Pour atteindre les objectifs, le projet répondra à ces questions de recherche :
- Quelles sont les expériences des professionnels dans le traitement des patients souffrant d'un trouble de la consommation lié aux BZD/Z ? (RQ1a)
- Comment les professionnels perçoivent-ils le rôle des BZD/Z dans la pratique clinique ? (RQ1b)
- Comment les patients souffrant d'un trouble de la consommation lié aux BZD/Z perçoivent-ils leurs trajectoires de traitement et de rétablissement ? (RQ2)
- Quels sont les besoins, les barrières et les facteurs favorables ou facilitateurs, les professionnels détectent-ils ? (RQ3a)
- Quels sont les besoins, les obstacles et les facteurs favorables ou facilitateurs les patients détectent-ils ? (RQ3b)
- Comment améliorer l'accessibilité des établissements de soins psychiatriques et de toxicomanie pour les patients atteints d'un trouble de la consommation lié aux BZD/Z ? (RQ4)

Pour explorer ce domaine, nous utilisons un modèle de recherche qualitative innovant comprenant des entretiens approfondis avec des professionnels et des patients dans tout le pays afin de comparer les deux perspectives. Cette analyse débouchera au développement de recommandations en utilisant une méthode Delphi. Des directives politiques seront élaborées en collaboration avec des experts. Nos résultats seront traduits en recommandations pertinentes pour fournir des soins appropriés à ce groupe croissant de patients. Ce faisant, cette étude vise également à améliorer l'accessibilité de ces services pour ce groupe jusqu'ici peu étudié.