B. Contamination chimique

B3. Analyse des résidus de pesticides et de PCB présents dans les produits composant le panier de la ménagère et dans l'alimentation globale


Prof. W. Dejonckheere, RUG - Fac. Landbouw, Lab. Fytopharmacie, Coupure Links 653, 9000 Gent

L'utilisation des pesticides en agriculture et en horticulture est officiellement autorisée par les Ministères de l'Agriculture et de la Santé publique. Les prescriptions en la matière permettent une application efficace des pesticides et la présence d'une quantité de résidus acceptable d'un point de vue toxicologique, lors de la récolte des produits comestibles.

En vertu du principe d'une bonne pratique agricole, les pesticides sont uniquement autorisés pour lutter efficacement contre les maladies et les épidémies et à condition que les normes de tolérance des résidus, basées sur des données toxicologiques, ne soient pas dépassées.

Cette étude a voulu vérifier, dans une première étape, si les aliments d'origine végétale et leurs éventuels dérivés respectaient les normes de tolérance légales en matière de résidus, en d'autres termes, si les résidus n'étaient pas trop nombreux lors de l'achat de ces produits alimentaires. Sur une période de deux ans, du 1er avril 1991 jusqu'au 31 mars 1993, 3.698 échantillons de 21 variétés différentes de légumes, 15 variétés de fruits et 7 variétés de produits divers ont ainsi été prélevés.

Ces échantillons ont été soumis à de multiples types d'analyses, notamment les multi-méthodes qui révèlent la présence de plusieurs pesticides en une seule analyse, mais aussi des méthodes spécifiques, grâce auxquelles une variété déterminée de pesticide peut être détectée. L'ensemble de l'étude a pu s'appuyer sur 12 méthodes d'ananlyse et près de 130 pesticides ou métabolites ont pu être identifiés. Grâce à des informations relatives à l'utilisation des pesticides et aux résidus observés, les méthodes d'analyse permettant la détection des pesticides normalement utilisés pour toute culture et donnant des résidus ont pu être appliquées.


Le pourcentage de dépassement des normes tolérées en matière de résidus établi lors des analyses est le suivant :

% d'échantillons non conformes aux normes légales
% d'échantillons présentant des résidus pour lesquels il n'existe aucune norme
Total d'échantillons non conformes
Légumes
6,9
2,5
9,4
Fruits
0,7
1,4
2,1
Divers
1,2
0
1,2
Total
4,2
1,8
6,0


Les échantillons non conformes aux normes légales se situent principalement dans la catégorie des légumes verts dont la plante entière est récoltée, avec dès lors les éventuels résidus de l'ensemble des pesticides utilisés. Le risque de dépassement du seuil de tolérance est évidemment plus important que pour les tomates ou les pommes où la plupart des pesticides sont appliqués pour maintenir la plante en bonne santé, le produit finalement récolté, présentant proportionnellement moins de pesticides et par conséquent, moins de résidus.

Les échantillons présentant des résidus pour lesquels il n'existe aucune norme sont le résultat de l'utilisation de produits non autorisés, et n'ayant dès lors pas de norme de tolérance (ces produits peuvent éventuellement être autorisés dans des pays voisins) ou sont imputables à la présence de résidus sur des produits cultivés en dehors de la Belgique (raisin, orange, banane) et pour lesquels le pays producteur autorise l'utilisation de ces pesticides, mais pour lesquels la liste des normes belge ne prévoit pas de résidus tolérés.

Cette étude a voulu ensuite examiner la quantité de pesticides ingérée par le biais de l'alimentation. Les aliments pour lesquels la première analyse avait révélé la présence de résidus ont été traités conformément à la préparation précédant la consommation (lavage, épluchage, cuisson, etc). Une nouvelle analyse a ensuite été effectuée et un deuxième ou troisième traitement culinaire, suivi d'une nouvelle analyse a parfois été réalisé.

Cette étude a permis de déterminer la diminution de la teneur en résidus lors des préparations culinaires normales, information évidemment importante pour le consommateur, afin de lui permettre de limiter l'ingestion de pesticides via l'alimentation.

Pour déterminer la quantité de pesticides ingérés, la quantité de résidus observée dans l'aliment prêt à la consommation a, à chaque fois, été calculée pour 100 g de produit et exprimée en un pourcentage de la valeur ADI. Il s'agit de la valeur toxicologique quotidienne admise pour un individu de 60 kg, établie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l'organisation Internationale de l'Alimentation et de l'Agriculture (FAO).

Afin de pouvoir déterminer l'ingestion moyenne de pesticides sur la base des aliments analysés, il faut connaître la consommation quotidienne moyenne de ces produits par personne. La Belgique ne disposant d'aucune statistique officielle dans ce domaine, une évaluation a été effectuée en s'appuyant sur des informations relatives au comportement d'achat en Belgique, émanant de l'Institut National des Statistiques (INS) et du Landbouw Economisch Instituut (L.E.I.).

Nous avons ensuite sélectionné les préparations culinaires les plus courantes telles que le lavage pour la salade, l'épluchage pour les carottes, mais également l'absence de traitement comme pour la pomme ; le pourcentage ADI ingéré quotidiennement par la consommation moyenne de chacun des aliments a été calculé pour chacun des pesticides observés.

Enfin, pour chaque pesticide, le pourcentage total d'ADI a été calculé pour l'ensemble des aliments analysés.

D'une manière générale, dans l'hypothèse moyenne, avec une consommation quotidienne des aliments étudiés :

En additionnant l'ensemble des pourcentages ADI, ce qui n'est pas admissible d'un point de vue scientifique, l'ingestion totale ne représente que 10,7% de l'ingestion admise.

Cette étude permet de dégager les conclusions générales suivantes :

Deux remarques s'imposent :

1. Une enquête similaire effectuée dans d'autres pays pourrait donner des pourcentages de dépassement des normes de résidus inférieurs à la Belgique. Il convient de préciser que les résultats d'étude des résidus sont largement déterminés par le nombre de méthodes d'analyse différentes utilisées. Dans la plupart des cas, à l'inverse de la présente étude, seules les multi-méthodes sont appliquées, les méthodes spécifiques le sont plus rarement (ex. chloropropham de profame pour les pommes de terre, bromide pour les légumes verts).

2. La limitation des ressources financières, des instruments et des méthodes d'analyse disponibles n'a pas permis une étude exhaustive des aliments et il est dès lors impossible d'affirmer que tous les pesticides éventuellement présents ont été identifiés.

L'ensemble des résultats détaillés de cette étude figure dans 4 annexes, disponibles sur disquette.

Les titres des différentes annexes sont :

1. Résultats calculés pour 100 g de chaque aliment
2. Résultats calculés pour une consommation quotidienne moyenne de chacun des aliments
3. Résultats calculés pour 100 g d'aliment et pour chaque pesticide
4. Résultats calculés sur la consommation quotidienne moyenne et pour chaque pesticide.


Table des matières Article suivant